L’injuste répartition des richesses entre actionnaires et travailleurs

En Belgique comme chez nos voisins, la croissance économique profite de moins en moins aux travailleurs.

La part des rémunérations des salariés dans la richesse créée en une année (PIB) était en moyenne de 56% entre 1975 et 1985.

En 2017, elle n’est plus que de 50%...

A l’inverse, la part des dividendes versés par les entreprises à leurs actionnaires dans le PIB, qui n’était encore que de 15% en 1995, a explosé à une moyenne de 30% depuis les années 2005.

Force est de constater qu’il y a eu un détournement des richesses au détriment des salariés.

Les inégalités toujours plus grandes entre travailleurs

Au sein des travailleurs, la répartition des revenus devient de plus en plus inégale et ce principalement au détriment des plus faibles.

Tenant compte du travail à temps partiel, l’écart entre le plafond de revenu des 10% les plus pauvres et le plancher de revenu des 10% les plus riches a nettement augmenté ces 15 dernières années.

Et encore, c’est sans tenir compte des salaires alternatifs tels que les avantages en natures, les assurances complémentaires, bonus défiscalisés… majoritairement réservées aux travailleurs disposant des plus gros revenus ce qui creuse d’autant plus les inégalités.

Le salaire minimum, encore et toujours trop bas

Au bas de l’échelle, le salaire minimum réel stagne depuis de très nombreuses années. Hors inflation, il n’a progressé que de 0,18% par an en moyenne depuis 1999. Cette stagnation le relègue à un niveau bien en deçà du salaire moyen. Selon l’OCDE, entre 1983 et 2015, le salaire minimum est passé de 57% à seulement 49% du revenu moyen. Or, rappelons que le seuil de pauvreté est communément fixé à 60% du revenu moyen.

Le salaire minimum interprofessionnel belge ne protège pas contre la pauvreté. Force est même de constater qu’il s’éloigne de plus en plus de cet objectif

Salaires minimum en proportion du salaire médian des salariés à plein temps en Belgique

Bref, entre d’une part, la faiblesse, voire l’inexistence, des hausses salariales réelles et, d’autre part, l’explosion des prix immobiliers et des produits énergétiques, les travailleurs galèrent de plus en plus ! En Wallonie, cela se marque par des augmentations de 85% de personnes en règlement collectif de dettes en dix ans et de 100% de ménages en défaut de paiement d’électricité en huit ans. Selon un sondage de Solidaris, 40% des travailleurs ont du mal à joindre les deux bouts ou sont carrément dans le rouge fin du mois. Dès lors, pour vivre une vie digne, pour s’épanouir y compris dans des loisirs, il est urgent que le travailleur ait un salaire brut suffisant.

De quelle façon une hausse du salaire minimum
contribuerait-elle à une meilleure économie locale ?

Depuis des années les salaires ne sont vus que comme des coûts que les entreprises doivent réduire pour rester compétitives. Cette vue d’esprit est trompeuse ! C’est oublier que les salaires permettent aux ménages de consommer et donc de faire tourner l’économie en Belgique. En vérité, les salaires sont bons pour l’économie et ils le sont encore plus s’ils sont répartis équitablement.