On a de quoi vivre avec le salaire minimum !

FAUX

L'enquête Thermomètre Solidaris n°9 montrait, en 2016, que 4 travailleurs sur 10 avaient du mal à s'en sortir ou à joindre les deux bouts. Cette réalité est également corroborée par des exemples bien concrets que ce soit en termes de surendettement ou de précarité énergétique.

Lorsqu’on travaille, on est en droit de gagner sa vie dignement c'est-à-dire de pouvoir joindre les deux bouts fin du mois sans devoir calculer à l’euro près, sans devoir se priver de loisirs, de soins de santé, de chauffage...

Le salaire minimum belge est déjà un des plus élevé d’Europe. Le porter à 14 € brut n’est pas raisonnable !

Vrai et Faux

Si le salaire minimum interprofessionnel belge figure parmi les plus élevés d’Europe c’est aussi parce que le niveau de vie est également parmi les plus chers. Dire qu’il ne faut pas relever le salaire minimum belge parce qu’il est déjà un des plus élevés d’Europe n’a donc pas de sens. L’important c’est que chaque travailleur puisse mener une vie digne. Or, ce n’est pas le cas. Un salaire élevé dans un pays où les prix sont élevés n’est pas plus enviable qu’un salaire plus faible là où les prix sont également plus faibles. En tenant compte des prix d’un panier de ménage type, on peut ramener les salaires à ce qu’ils permettraient effectivement d’acheter en moyenne dans chaque pays de l’Union. Ainsi mesuré, le salaire minimum belge correspond à un pouvoir d’achat égal à celui des Pays-Bas et en dessous du récent salaire minimum allemand. Nos pays voisins avec qui notre compétitivité est systématiquement mesurée.

Porter le salaire minimum à 14 € de l’heure, c’est trop d’un coup !

FAUX

Au 1er juillet 2017, le salaire minimum interprofessionnel est de 1 562,59 € brut, soit environ 9,5 € de l’heure. Même lorsqu’on travaille à temps plein, ce niveau de salaire n’est pas suffisant pour mener une vie digne.

Entre 1983 et 2015, le salaire minimum belge est passé de 57% à seulement 49% du revenu médian (celui situé juste au milieu de l’échelle des revenus ; 50% gagnent moins et 50% gagnent plus). Or, le seuil de pauvreté est communément fixé à 60% de ce revenu médian. En conséquence, le salaire minimum interprofessionnel belge ne protège pas contre la pauvreté. Force est même de constater qu’il s’éloigne de plus en plus de cet objectif. C’est pour cela qu’il faut l’augmenter.

Rappelons aussi qu’entre 1999 et 2017, le revenu minimum n’a progressé, en moyenne, que de 0,002% par an hors inflation.

Notons enfin qu’entre 2014 et 2016, alors que les rémunérations des salariés étaient bloquées suite au saut d’index et au rattrapage du soi-disant dérapage salarial, les rémunérations des patrons des entreprises du BEL-20 augmentaient de 13% !

On voit bien que des marges existent : il faut juste mieux les répartir ; notamment en portant le salaire minimum brut à 14 € de l’heure.

Un salaire de 14 € permettrait à un ménage moyen dont un des membres travaille à temps plein et l’autre à mi-temps de pouvoir équilibrer son budget mensuel sans devoir s’endetter ou rogner sur son patrimoine.

La hausse du salaire minimum va détruire de l’emploi !

FAUX

Contrairement à ce que la droite et les employeurs avaient annoncé, l’introduction du salaire minimum allemand au début de l’année 2015 n’a pas découragé l’engagement de travailleurs. Au contraire, des études allemandes ont montré que la politique de mini jobs sous-payés a créé moins d’emplois que si des salaires décents avaient été octroyés dès le départ car ils auraient été entièrement recyclés dans l’économie allemande.

Le salaire n’est pas l’ennemi de l’économie. Si le salaire minimum garantit à chacun un minimum de moyens contre la prestation d’un travail, il permet aussi à des travailleurs moins nantis de pouvoir consommer plus et ainsi de faire tourner la machine économique.

Economiquement, c’est assez simple à comprendre.

Les travailleurs avec peu de salaire dépensent tout leur revenu. Leur donner plus, c’est s’assurer qu’ils dépenseront plus, c’est donc accroitre la demande intérieure qui est le premier moteur de notre économie. 

Les plus riches, même s’ils consomment plus que les autres, arrivent encore largement à épargner. Or, cet argent épargné ne retourne pas dans le circuit économique. La quasi-totalité de l’épargne est concentrée entre quelques mains et finance une spéculation néfaste à l’économie réelle.

En réalité, la réduction de la pauvreté est une des sources de croissance économique et d’emplois alors que l’inverse n’est pas nécessairement vrai !

Le salaire minimum à 14 € va pousser les entreprises la délocalisation ou au dumping social !

FAUX

C’est la menace que les employeurs emploient sans cesse depuis plus de 2 siècles. Elle est pourtant sans fondement.

Premièrement, la compétitivité des entreprises ce n’est pas qu’une affaire de prix. La compétitivité, c’est avant tout une histoire de qualité, d’innovation, d’investissements et de marché plus que de coûts qu’ils soient salariaux ou énergétiques. Le salaire n’est pas l’ennemi de l’économie.

Deuxièmement, les travailleurs et principalement les travailleuses concernées par une augmentation de leur salaire horaire à 14 € sont très largement actifs dans des secteurs non soumis à la concurrence internationale.

La très grande majorité des entreprises industrielles, généralement actives sur les marchés internationaux, versent des salaires supérieurs à 14 € brut. Le salaire moyen y est d’environ 16,6 € brut de l’heure pour un ouvrier et de 27 € pour un employé sans qu’il y ait des grandes différences entre secteurs. Même si le coût de la main d’œuvre était le seul critère de localisation, notre proposition ne serait pas de nature à favoriser les délocalisations dans ces secteurs.

Dans la construction, un secteur miné par le dumping social, le salaire minimum sectoriel est déjà de 13,96 € et le salaire moyen de 15,5 €. Les entreprises qui sous-traitent avec des travailleurs étrangers doivent légalement les payés aux même salaires que les travailleurs belges, ce qu’elles ne font généralement pas. Ce n’est donc pas l’augmentation du salaire minimum à 14 € qui va accroitre le dumping social.

Le salaire minimum à 14 € touchera principalement les fonctions les moins valorisées dont les rémunérations sont les plus basses : nettoyage, aides à domicile, commerce de détail, Horeca, gardiennage… Il permettra à ces travailleurs et travailleuses d’accroitre leur consommation ce qui sera, en retour, bénéfique pour le reste de l’économie. Donner plus aux plus faibles, c’est accroitre la demande intérieure qui est le premier moteur de notre économie. En réalité, la réduction de la pauvreté est une des sources de croissance économique alors que l’inverse n’est pas nécessairement vrai.

Avec un salaire minimum à 14 €, les prix vont augmenter !

VRAI MAIS MODEREMENT

C’est vrai mais uniquement dans la proportion que représente le travail dans le prix de vente et de la part des travailleurs qui sont actuellement sous les 14 €.

Or, en 2015, les rémunérations, charges sociales et pensions des entreprises privées non financières (y compris celles des patrons) ne représentaient que 12% du produit de leurs ventes et prestations.

Dès lors, une hausse maximale de 45% du salaire minimum (qui ne concernerait que les travailleurs actuellement rétribués au salaire minimum interprofessionnel) n’aurait un impact que de 5 % sur les prix de ventes. En tenant compte de tous les travailleurs qui se situent quelque part à mi-chemin entre le salaire minimum actuel et les 14€, on aurait un impact global plutôt proche des 2%.

Toutefois, la hausse du salaire minimum permettra à ces travailleurs et travailleuses d’accroitre leur consommation ce qui sera, en retour, bénéfique pour le reste de l’économie. Donner plus aux plus faibles, c’est donc accroitre la demande intérieure qui est le premier moteur de notre économie. En réalité, la réduction de la pauvreté est une des sources de croissance économique alors que l’inverse n’est pas nécessairement vrai.